J’ai croisé un détenu menotté tenu par des policiers. Une infirmière dit : « Il y a beaucoup de prisonniers aujourd’hui, ils simulent, dans l’espoir de passer Noël à l’hôpital plutôt qu’en cellule. »

Des pompiers parlent entre eux, la main sur le lit sur lequel est la personne qu’ils ont amenée.
— À qui est la voiture qui bloque l’entrée ? crie quelqu’un !
— À moi ! répondissé-je. La bouger maintenant, mais c’est notre tour ? Un homme en blouse blanche me propose gentiment de la déplacer. Je lui donne les clés.

L’attente, face au ballet du personnel, médecins, infirmières, brancardiers, aide-soignantes… Et puis, sans cesse, des gens arrivent, d’autres partent.

Une famille est là, deux parents et trois jeunes enfants dont un bébé. Ils sont tous venus pour lui.

« Les douleurs dentaires ! » lance une infirmière à la cantonade.

Des lits. Un vieux monsieur est allongé. Il a la bouche ouverte — Francis Bacon — , la tête en arrière, il respire très mal, il s’étrangle. Peut-être sa petite fille, elle a le visage fermé. Deux hommes d’âge mûr sont là aussi, les fils, certainement. Ils sont calmes tous les trois, debout, silencieux, résignés. Une voix féminine demande leur nom de famille. Un des fils pousse lui-même le lit qu’il sait manipuler, l’habitude…

Une vieille dame arrive, accompagnée de son petit-fils : elle a fait une mauvaise chute.

Nous disons au revoir au médecin :
— Merci docteur. Et vous, quand aurez-vous fini ?
— Oh, demain matin, c’est une garde de 24 h.

Notes

  • Pétition « Il faut un plan d’urgence pour sauver l’hôpital public ! »  sur change.org.

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